Pourquoi rester malgré la douleur Négligence affective dans le couple
Négligence, maltraitance invisible et faux consentement : une réflexion essentielle
La négligence affective dans le couple est souvent silencieuse. Elle ne crie pas, ne frappe pas, mais elle érode lentement l’estime de soi et le sentiment d’être aimée. Certaines femmes vivent des relations où elles aiment… et souffrent. Et pourtant, elles restent.
Il y a des situations de vie qui nous bouleversent, nous laissent avec un sentiment de confusion, de tristesse, voire de honte. Certaines relations amoureuses en font partie. Notamment celles où, malgré notre amour, nous ne sommes pas accueillis dans la vie de l’autre comme nous le souhaiterions. Où, malgré le lien, nous restons dehors. Littéralement. Et symboliquement.
Prenons un exemple concret : une femme vit depuis plus de deux ans une relation avec un homme qui ne l’a jamais invitée chez lui, au motif que ses fils adultes vivent encore sous son toit. Il lui promet que cela changera. Un jour, elle décide d’y aller malgré tout. Il vient la chercher. Et au dernier moment, devant la porte, il fait demi-tour, et la ramène chez elle.
Ce type d’histoire ne parle pas seulement de lui, ni seulement de ses fils, ni même des raisons qu’il invoque. Ce type d’histoire nous dit quelque chose de bien plus profond sur la personne qui reste, celle qui endure, celle qui espère malgré tout. Et c’est cela qui mérite d’être entendu avec délicatesse et lucidité.
Poser ses limites : un acte d’amour envers soi
Lorsqu’on souffre de négligence affective dans le couple, poser ses limites peut sembler impossible, voire égoïste.
La vraie question n’est pas : pourquoi agit-il ainsi ?La vraie question est : pourquoi restez-vous dans une relation qui vous fait mal ?Poser ses limites, ce n’est pas être dure. Ce n’est pas rejeter l’autre. C’est simplement se connaître et se respecter. C’est dire : « ceci, je peux le vivre », « cela, je ne peux pas ». Mais pour poser ses limites, encore faut-il savoir ce qu’on vaut, ce qu’on mérite, et surtout, ce qu’on ne mérite plus de revivre.
La négligence affective dans le couple : une forme de maltraitance invisible
Ce que l’on appelle négligence affective dans le couple est parfois si subtil qu’il faut du temps pour en prendre conscience. On se sent mise de côté, pas forcément rejetée, mais jamais vraiment incluse.
Certaines personnes restent dans des relations insatisfaisantes parce qu’elles ont appris, très tôt, à accepter l’inacceptable. Et cela, souvent, ne vient pas de cette relation-là, mais de plus loin. De l’enfance.
Il est fondamental de le dire clairement :La négligence émotionnelle est une forme de maltraitance invisible. Ce n’est pas parce qu’elle ne laisse pas de traces physiques qu’elle n’abîme pas profondément. Ce n’est pas parce qu’on ne l’a pas appelée “violence” qu’elle n’en est pas une.
Quand on a grandi en se sentant peu écouté, peu vu, relégué au second plan dans sa propre famille, on peut finir par croire que c’est normal. Et à l’âge adulte, on reproduit cette logique : on reste auprès de ceux qui ne nous accueillent pas, on endure des relations où l’on passe encore après tout le monde, on espère que cette fois, l’amour suffira pour être enfin choisi. Mais aimer ne suffit pas, quand aimer l’autre revient à se renier soi-même.
Et si ce n’était pas vous, le problème ?
Ce type de négligence affective dans le couple peut convenir à d’autres, mais pas à vous — et c’est légitime.
Une autre femme, dans cette même relation, aurait peut-être été parfaitement à l’aise. Une femme très autonome, qui souhaite préserver son intimité, pourrait trouver ce type de lien idéal. Ce qui nous affecte ou non dépend de nos propres besoins, de notre histoire.
Ce n’est donc pas la situation en elle-même qui est problématique, mais le décalage entre cette situation et ce que vous ressentez profondément comme un manque, une souffrance. Et ce ressenti est valide. Il ne faut ni le minimiser, ni le rationaliser, ni s’en excuser.
Le piège du faux consentement
Aujourd’hui, les médias parlent beaucoup de consentement. Et ils ont raison. Mais le consentement ne concerne pas seulement les relations sexuelles. Il concerne nos choix profonds, notre manière d’être en lien, notre capacité à dire oui ou non depuis un espace libre et aligné.
Trop souvent, nous forçons. Nous insistons. Et quand l’autre ne veut pas, nous pensons qu’il finira par céder. Parce que, enfants, nous avons nous-mêmes dû céder. On nous a forcés, pour notre bien, à manger, à obéir, à nous taire, à être sages. Et nous avons appris que céder, c’était aimer. Que plier, c’était normal. Mais ce n’est pas sain. Ce n’est pas une relation. C’est une répétition.
Le respect, ce n’est pas convaincre, c’est entendre
Parfois, l’autre dit non. Parfois, il n’est pas prêt. Parfois, il ne veut tout simplement pas. Et nous ne voulons pas entendre ce non. Alors nous insistons. Nous faisons un forcing. Et nous souffrons.
Mais il faut avoir le courage de reconnaître que quand l’autre ne veut pas vous accueillir dans sa vie, ce n’est pas à vous de le faire changer d’avis.
Ce n’est pas à vous de prouver que vous méritez. Ce n’est pas en forçant qu’on obtient de l’amour. Ce n’est pas en mettant l’autre au pied du mur qu’on crée une relation profonde. Ce n’est pas parce que l’on endure qu’on est sur le bon chemin.
Sortir du cycle : un chemin de guérison
L’EMDR permet souvent de guérir ces schémas liés à la négligence affective dans le couple, en aidant à restaurer la confiance en soi et la clarté intérieure.
Ce genre de situation, quand elle se répète, mérite d’être accompagnée. Pas pour “analyser” l’autre, mais pour revenir à soi. Pour identifier les blessures anciennes qui s’activent. Pour reconnaître cette part de soi qui espère, qui reste, qui souffre en silence.
Et pour cela, il existe des outils puissants. Parmi eux, l’EMDR est une approche particulièrement efficace. Elle permet d’aller toucher, en profondeur, les mémoires émotionnelles laissées par la négligence, l’invisibilité, la maltraitance subtile. Elle aide à remettre les choses dans l’ordre : se réparer, se respecter, et s’aimer assez pour ne plus jamais se renier.
Se choisir, enfin
Se choisir, c’est aussi reconnaître que l’on ne mérite plus de revivre la négligence affective dans le couple sous couvert d’amour.
J’ai repensé récemment à une scène dans un film sur Jésus. Il dit à Pierre : “Tu me renieras trois fois avant le lever du jour.” Et cela m’a frappée : nous nous renions nous-mêmes bien avant de renier les autres.
Le vrai chemin, c’est d’apprendre à ne plus se trahir soi-même. À se choisir, même si l’autre ne nous choisit pas. À dire oui à soi, même quand on entend un non de l’extérieur.
Et à partir de là, naît une autre forme d’amour : Un amour qui ne se quémande pas. Un amour qui ne force pas. Un amour qui commence, enfin, par soi.
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📚 Bibliographie suggérée pour ton article :
💔 Sur la négligence émotionnelle et la maltraitance invisible
- Jonice Webb – Ces enfants devenus adultes : Surmonter la négligence émotionnelle(Titre original : Running on Empty, un incontournable sur ce sujet)
- Alice Miller – Le drame de l’enfant doué(Un classique sur les souffrances invisibles de l’enfance et la loyauté inconsciente)
- Boris Cyrulnik – Les vilains petits canards(Sur la résilience et la manière dont les blessures précoces forment l’adulte)
🧠 Sur les schémas répétitifs et les relations affectives
- Susan Forward – Parents toxiques : Comment se libérer de leur emprise(Excellent pour comprendre l’impact des schémas parentaux sur les relations adultes)
- Isabelle Filliozat – L’intelligence du cœur(Pour introduire l’idée d’intelligence émotionnelle dans les relations)
🌪️ Sur le consentement et les relations de pouvoir
- Bell Hooks – All About Love: New Visions(Un regard engagé et profond sur ce qu’est vraiment aimer, avec ou sans pouvoir)
- Judith Lewis Herman – Trauma and Recovery(Référence majeure sur la psychologie du trauma, applicable aux liens affectifs aussi)
💫 Sur l’EMDR et la guérison des traumatismes
- Francine Shapiro – Getting Past Your Past(Par la fondatrice de l’EMDR – très pédagogique et accessible)
- David Servan-Schreiber – Guérir le stress, l’anxiété, la dépression sans médicaments ni psychanalyse(Pour une vulgarisation brillante de l’EMDR et d’autres approches corporelles)
🕊️ Je suis Laurence Goutelle, psychologue spécialisée dans l’accompagnement par téléphone des expatriés, des personnes en chemin vers elles-mêmes. Formée à l’EMDR depuis 2008, j’aide à libérer les blocages profonds liés aux blessures de l’enfance, à restaurer l’amour de soi, et à poser des limites claires et respectueuses.
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